“Je Suis Le Vent” la création, ce 8 novembre à La Manekine, 20h30. J. Fosse / E. Gustafsson
Pour sa mise en scène, hors des usages habituels, Emma Gustafsson a fait le choix de distribuer une femme et un homme. Elle s’appuie sur le texte d’origine en néo-norvégien qui laisse indéterminés les genres des personnages. Elle offre ainsi une nouvelle compréhension de la pièce emblématique du prix Nobel de littérature, Jon Fosse.
Anne Duverneuil et Nicolas Martel, en pleine sensibilité, avec humour et élégance, se retrouvent embarqués sur ce bateau/plateau de souvenance. Leur traversée entre présent et passé s’avère forcément dangereuse, elle creuse les raisons de leur séparation définitive. Tous deux sont à la merci d’une haute mer inquiétante. Mais l’une mène son enquête, existentielle, elle veut comprendre la violence du choix radical de l’autre.
Pour notre bonheur, dans un espace scénique qui s’illumine de la chaleur de leurs échanges, tendres, acerbes parfois, ils voguent. Arriveront-ils vers une contrée plus calme, celle de la résilience ?
Ce spectacle profond fait de la légèreté des mots et des corps son argument majeur : les mots simples, joueurs, de Jon Fosse livrent, grâce à l’humanité blessée de ces deux interprètes de talent, toute leur dimension philosophique. La finesse du geste chorégraphique, son ouverture vers la douceur des corps en contact, agit comme un baume sur nos âmes meurtries. Emma Gustafsson allie la beauté avec une grande pertinence dramaturgique pour nous confronter au plus grand défi de nos existences : comment vivre ? Comment vivre après la disparition de l’être aimé ? Car, c’est l’auteur qui le dit, “la vie, c’est bien tout de même”
Pour plus d'info c'est ICI
Pour La Manekine c'est LÀ
La photo est d'Alain Hatat
Un regard neuf